Le Prix HiP 2019 • Société a été décerné à Sébastien Van Malleghem pour son livre Mexican Morgues, aux éditions Photopaper. La remise des prix s'est tenue ce jeudi 7 novembre au Salon de la Photo dans la Salle des Grandes Rencontres. Le trophée a été remis à Sébastien Van Malleghem par Simon Edwards, directeur artistique du Salon de la Photo, en présence d'Élisabeth Hébert, éditrice de Photopaper.
Le livre
Nous craignons la mort et inventons des rituels pour en marquer son passage. Parce que cette mort ne peut se penser qu’à partir de la seule référence que nous connaissons – c’est-à-dire la vie –, des leurres sont nécessaires. D’où nos préférences sur la façon dont sera traité notre cadavre. Chaque mort nous étonne et nous scandalise comme si elle était la première. La nôtre nous épouvante. Il faudrait pourtant savoir la regarder en face, car sans l’horizon de cette mort, notre raison d’être s’éteindrait probablement aussitôt. Et il faudrait pouvoir regarder ses morts…
Ce livre est l’histoire d’une immersion. Ça ressemble à l’enfer, mais en fait c’est la vie. Sébastien Van Malleghem a longé le couloir, avancé dans la pièce, et traversé, loin, à en perdre la lumière, pour pouvoir la retrouver.
"Quand je suis sorti de l’avion à Mexico City, je me souviens avoir eu l’impression de respirer l’antre d’un cendrier à plein poumons, tant l’air de la capitale était chaud, moite et pollué. Luiz, mon guide et traducteur, était venus me chercher à l’aéroport, et à peine arrivé, il m’emmenait voir un match de catch mexicain, à mon grand désespoir. Impossible de rentrer à l’intérieur sans déposer mes boîtiers dans un casier à peine sécurisé. Hors de question. Et j’avoue que je désirais aller directement dans le vif du sujet qui m’attendait.
Luis changea de voiture, en ayant soin de choisir la plus pourrie possible afin ne pas attirer les regards du quartier mal famé de Colonia Doctores, où se situait la principale morgue que j’allais photographier."
Photopaper • 15 x 21 cm • 64 pages • 15 €
www.photopaper.fr
Ce livre est l’histoire d’une immersion. Ça ressemble à l’enfer, mais en fait c’est la vie. Sébastien Van Malleghem a longé le couloir, avancé dans la pièce, et traversé, loin, à en perdre la lumière, pour pouvoir la retrouver.
"Quand je suis sorti de l’avion à Mexico City, je me souviens avoir eu l’impression de respirer l’antre d’un cendrier à plein poumons, tant l’air de la capitale était chaud, moite et pollué. Luiz, mon guide et traducteur, était venus me chercher à l’aéroport, et à peine arrivé, il m’emmenait voir un match de catch mexicain, à mon grand désespoir. Impossible de rentrer à l’intérieur sans déposer mes boîtiers dans un casier à peine sécurisé. Hors de question. Et j’avoue que je désirais aller directement dans le vif du sujet qui m’attendait.
Luis changea de voiture, en ayant soin de choisir la plus pourrie possible afin ne pas attirer les regards du quartier mal famé de Colonia Doctores, où se situait la principale morgue que j’allais photographier."
Photopaper • 15 x 21 cm • 64 pages • 15 €
www.photopaper.fr
Quelques mots
"Il a certainement fallu beaucoup de courage, non pas pour faire ce sujet photographique, mais pour regarder ces images. Il a fallu encore plus de courage à mon éditrice pour me dire, “Tiens, moi je prends le pari d’en faire un livre.” J'ai eu la chance de pouvoir échanger, d’être poussé à parler et à écrire - et qu’on respecte mes choix -, de créer quelque chose de fort, de sobre à propos de la mort, qui est à l’opposé de toutes ces grandes thématiques plus accessibles. Moi, il est vrai, je propose des cercueils et des personnes décédées, des embaumeurs, des questions sur la vie, comme sur la mort. Mon éditrice m’a véritablement soutenue du début jusqu'à la fin. On a réalisé un livre qui, pour moi, a été respecté. J’ai été respecté comme photographe et comme auteur. Cela m’a beaucoup touché."
Sébastien Van Malleghem, jeudi 7 novembre 2019
Sébastien Van Malleghem, jeudi 7 novembre 2019
© James Vil